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la chronique

Leur plaidoirie est maladroite, car s’il ne s’agit que de quelques modifications secondaires, à quoi bon inaugurer une dangereuse pratique ? Mais tel n’est pas l’avis de gens compétents et, à l’étranger, on s’est montré plus pessimiste encore qu’en France. Voici comment Literature, le supplément littéraire du Times, s’est exprimé sur ce sujet : « La plasticité, la netteté de contours dans l’expression française, du moins sur la page écrite ou imprimée, se trouve certainement compromise par cette réforme. La prose française a toujours eu plus de précision, plus de limpidité que la prose anglaise. Cela tenait peut-être en partie au constant accord par lequel adjectif, verbe et nom s’emboîtaient si l’on peut dire, l’un dans l’autre. Les contours de la phrase française viennent d’être brisés comme par une vague de fond. Aucune révolution de ce genre n’avait encore été tentée nulle part dans le domaine philologique ».

Alors, M, Brunetière n’a-t-il pas prononcé le mot qui convient lorsque, appréciant dans la Revue des deux Mondies, sur un ton moitié gouailleur, moitié attristé, la réforme dite de l’orthographe, il s’est écrié spirituellement : « voilà, ma foi ! de la belle ouvrage ! »