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universités populaires. Les classes dirigeantes, en France, ont eu le tort de limiter leurs efforts philanthropiques aux œuvres de charité et de méconnaître absolument les aspirations intellectuelles et morales qui, dans tous les pays, se manifestent parmi les ouvriers. Le « quatrième État » réclame à son tour, les bienfaits d’une instruction plus étendue et un peu de vie cérébrale, pour égayer et varier sa rude existence matérielle. Ces demandes sont légitimes et normales. Il fallait y répondre. Les anglais ont su le faire. La France ne l’a point su. Ses efforts en faveur des ouvriers, ont été inintelligents ; elle leur a procuré de nombreux moyens de se perfectionner dans leurs métiers divers, mais elle a tenu obstinément fermées, devant eux, les portes qui donnent accès aux études désintéressées : à ces études vers lesquelles le travail manuel se sent irrésistiblement attiré parce qu’en s’y adonnant, il se relève à ses propres yeux. Faute d’encouragements fournis à temps à des initiatives clairvoyantes, la France se couvre aujourd’hui d’universités populaires fondées par les ouvriers eux-mêmes et qui, dès lors, ne le sont pas dans un esprit scientifique. Les vaillants pionniers de cette œuvre s’imaginent naïvement que