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études historiques


Byzance et Bagdad au ixme siècle.

Il y eut à ce moment une sorte de rapprochement entre Byzance et Bagdad. Les deux cours n’étaient pas éloignées de se considérer comme les gardiennes d’une même civilisation, quitte à se battre encore de temps à autre pour leurs crédos différents. De fait, au milieu de la barbarie grandissante, alors que partout ailleurs la culture était en recul, il n’existait plus dans le monde que trois foyers lumineux où s’affirmât le progrès humain. C’étaient Byzance, Bagdad et Singanfou. Mais ce dernier centre était trop loin, trop séparé pour coopérer avec les deux autres. Ceux-ci, au contraire, pouvaient voisiner. Aussi bien les préventions iraniennes contre l’hellénisme s’étaient-elles émoussées. L’aristocratie arabe était nourrie de connaissances grecques, de science, de philosophie, de littérature grecques. Les Nestoriens avaient poursuivi leur œuvre, se maintenant en bons termes avec les Abbassides comme jadis avec les Sassanides ; par eux, l’intelligence arabe avait été comme arrosée de suc grec. Par là aussi, les Iraniens avaient été amenés à désarmer quelque peu. Du moins ne s’inquiétaient-ils plus des ambitions byzantines. Et puis chez les uns comme chez les autres, devait exister une crainte instinctive de ce péril commun qui s’était, pour ainsi dire, massé à la frontière orientale de l’Iran : le péril turc.


Akbar le grand.

Dans son infortune, ses vainqueurs, les princes musulmans de l’Inde, apportaient d’eux-mêmes à Houmayoun une revanche. Leurs discordes violentes les affaiblirent si bien que, quinze ans après avoir quitté Delhi, Houmayoun y rentrait (1555). L’année suivante, il y mourait, laissant pour héritier son fils âgé de quatorze ans, mais déjà homme par l’intelligence, l’action et la volonté ; celui-là allait être Akbar le grand (1556-1605). Le long règne qui débutait ainsi est un des plus beaux et des plus réconfortants de l’histoire. Soldat plein de valeur et de noblesse, Akbar conquit une à une toutes les provinces de son empire. Des