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quoi, dans les annales asiatiques, il est peu d’épisodes plus féconds que l’initiative d’Alexandre et les développements qu’elle a eus.


Siladitya.

Après cela, peu importe que la ferveur de Siladitya (606-664) se soit appliquée à ramener le Bouddhisme. Son jour était passé en tant que religion dominante. Siladitya, qui s’appelait en réalité Harsha Vardana, était un cadet de famille et fut un souverain de hasard comme la plaine du Gange s’habituait maintenant à en voir passer. Les circonstances favorisèrent son élévation, mais il échoua dans ses plans d’hégémonie. Les Dravidiens qu’il voulait soumettre lui infligèrent un échec complet. Il s’en consola en s’adonnant avec une passion désordonnée aux controverses théologiques. L’université de Nalanda, qu’on a appelée l’Oxford hindou, située près de Bénarès, était alors la proie d’un scolastisme intense. Dix mille étudiants discutaient sans fin sur des problèmes de détail, auxquels la foule ne pouvait s’intéresser et dont l’élite elle-même se détournait. Siladitya aimait à présider aux discussions — y conviant même des Brahmanes — mais pour autant qu’elles se terminassent à son gré ; et sa puissance séculière savait, au besoin, venir à l’aide de sa dialectique. Dans sa capitale, Kanaudj, il reçut en grande pompe le célèbre moine chinois Hiouen-Tsang et le fit participer à un concile qui s’accompagna de fêtes et de cortèges luxueux. Hiouen-Tsang relate complaisamment la beauté des spectacles auxquels il assiste mais, en voyageur avisé, il ne manque pas de noter l’état misérable des villes qu’il traverse et l’affligeant contraste de tant de luxe avec tant de pauvreté.