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études historiques

faveur royale. C’était un homme rude et retors qui avait fait tous les métiers : soldat, commis en Italie et en Flandre, fabricant de draps… Sûrement, il ne s’était pas attendu à finir dans la peau d’un « vicaire général du chef suprême de l’Église anglicane »..…


La naissance des États-Unis.

Rien n’égale l’étrangeté du spectacle que présente l’Amérique du Nord au début du xviiie siècle. Nul assurément ne saurait deviner la grandeur des destinées qu’un avenir très prochain lui réserve. Sur la côte est depuis le Canada où la France domine jusqu’à la Floride que l’Espagne possède, dix colonies s’échelonnent entre lesquelles il serait difficile d’apercevoir au premier abord un lien commun, sauf peut-être, l’esprit d’intolérance qui règne dans la plupart d’entre elles. L’unité n’existe, bien plus, l’unification ne semble réalisable ni entre les races ni entre les croyances, ni entre les formes de gouvernement, ni même entre les intérêts.

Il y a d’abord le Massachussetts de fondation puritaine, englobant les modestes pêcheries du Maine et du New-Hampshire et ayant absorbé depuis peu la colonie de Plymouth, la première en date, celle que les « pélerins » du May Flower fondèrent le 22 décembre 1620. Viennent ensuite Rhode-Island et le Connecticut, deux sécessions du Massachussetts. Le territoire de Rhode-Island a été donné par les Indiens à Roger Williams, ce jeune pasteur que les puritains chassèrent de chez eux parce qu’il prêchait l’égalité des religions et leur déniait le droit de prescrire ou d’interdire telle ou telle forme de culte. Le Connecticut a été fondé par les habitants de Boston qui trouvaient à redire au puritanisme de leurs concitoyens. La liberté de conscience pourtant n’y est pas respectée.

Non loin du Connecticut s’ouvre la baie merveilleuse où les Hollandais depuis 1614 font avec les Indiens le commerce des pelleteries. Leur Colonie de New-Amsterdam vient de passer sous la domination anglaise et d’échanger son nom pour celui de New-York ; mais elle demeure très cosmopolite. Les Hollandais y ont introduit des travailleurs allemands. D’autre part