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la comédie

Mais ce qui est beaucoup plus admirable,
Chacun de meurs aux Cocus est semblable
Et vous admire et en ses actions
Suit voz humeurs et voz complexions ;
On ne s’en chaut de chose qu’on advise,
Tout accident, tout chagrin ou mesprise,
En bonne part on prend tout et on croid
N’avoir point vu ce qu’en presence on void.
L’homme n’est plus jaloux de son espouse,
Et du mary n’est la femme jalouze,
Sans nul scandale et sans aucun ennuy
Les deux espoux pondent au nid d’autruy.
Ores à l’homme est la femme publique,
Comme Platon veult en sa République,
Et l’homme aussi à la femme est commun
Et les enfans sont communs à chacun ;
Tous sont Cocus sinon par le plumaige
Au moins d’esprit, de vueil et de courage,
Et ne verriez par les hommes, sinon
Bruire tousjours et vous et vostre nom.
Les bois Cocu, les prez Cocu resonnent,
Le champs Cocu, les montz Cocu entonnent,
Et les deux flancz d’un fleuve large et creux
Cocu, Cocu se respondent entr’eux.
Dans les maisons, pour un air de musique,
Cocu sans fin et Cocu on réplique,
Et mariant la lyre à la chanson
Rien que Cocu ne tonne par le son :
Pour le refrain d’un plaisant vaudeville,
Cocu, Cocu on chante par la ville,
Et les laquais par la rue marchantz,
Tousjours Cocu degoisent en leurs chantz,
Et les garçons qui aux metiers travaillent
A leur besongne un Cocu entre-taillent.
Bref tout le monde a si bien ses espritz
De vostre amour enserrez et espris,