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néphélococugie

L’air retentist et résonne le mont
Et les vallons muglent jusques au fond :
Ainsi les Dieux se font bien loing entendre
Quand leur fureur commence à les esprendre,
Et que sans cesse ilz vont pleuvant des cieux
Mal dessus mal aux hommes vicieux
Qui vont servant de miroir et d’exemple
Envers celuy qui leurs malheurs contemple,
De ne vouloir aux grandz Dieux s’attaquer
Et de leur nom, profanes, se mocquer.

Genin

Cesse ta jappe et de ton vain langage
Ne pense pas eschanger mon courage.
Non je te dis et je diray sans fin
Que les Cocus sont plus grandz que Jupin,
Ny que les Dieux hautz, moyens et barbares,
Faunes, Sylvains, Indigetes et Lares.
Que si ces Dieux et Jupiter puissant
Desquelz si fort tu me vas menassant,
Ne veullent pas, orgueilleux de leur estre,
Pour leurs seigneurs les Cocus reconnestre,
Ilz se verront dans leur ciel assieger,
Et aizement affronter et ranger,
N’ayans moyen si grand de se deffendre
Qu’ilz ne soient mis au hazard de se rendre.
Jadis Briare, Encelade, Gyas,
Porphyrion, Rhete, Cée et Mimas
Et les Titans ayans planté l’enseigne
Contre les Dieux sur la double montaigne
Faicte par eux pour le ciel escheler,
Et pour Jupin au combat appeler,
Bien que leur trouppe en nombre feust petite,
Se meirent-ilz telle crainte subite
Au cœur des Dieux estonnez et craintifs,
Que la pluspart en Egypte fuitifs