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la comédie

« Et en tous lieux pour elle estre bandez,
« Or’ commandanset ores commandez ;
« Et les derniers sont de bronze ou de cuivre
« Lesquelz sans nom en leur ville on void vivre,
« N’ayant esprit ny force auculnement
« Pour estre crainctz en leur commandement ;
« Humbles bourgeois lesquelz sans plus se rendent
« Obeissans à ceux-là qui commandent
« Et se rangeans sur le veuil de leurs loix,
« Comme un troupeau suit du pasteur la voix,
« Qui çà et là, sifflant parmy la plaine,
« Tout escarté le rassemble et l’ameine :
« Ainsi suivans leurs chefs qui sont les grandz
« Et à leur voix aussitost comparans,
« Pour autre bien le sort ne les faict naistre
« Que pour servir, et souz les autres estre. »
Ny plus ny moins j’affermeray aussi
Que les Cocus sont signalés ainsi
De trois degrez dedans leurs republiques :
Les premiers sont braves et magnifiques,
Nobles, hardis, puissans et invaincus
Comme grandz roys honorez des Cocus,
Et n’esclavans souz aucune personne
Leur majesté, leur sceptre et leur couronne.
Et les secondz Cocuans appelez,
Sont du pouvoir des premiers recullez,
En ce qu’ilz sont subjectz à leur empire
Et qu’à leur veuil ilz n’osent contredire ;
Mais toutesfois comme Oyseaux factieux,
De bon esprit, gentilz, ingénieux,
Ilz sont commis des Roys en l’exercice
De commander et voir sur la police,
Et les derniers sont les Cocus niays
Qui commandez ne commandent jamais,
Humbles Oyseaux, infimes, populaires,
Sans dignité, sans rang et sans affaires,