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néphélococugie

Et qui aimant la science et son bien,
L’eut ceste peau et l’entendit fort bien.
L’enfant Hylas tant cherché par Alcide,
La nef parlante et Tiphys qui la guide,
Les chantz d’Orphée et ses airs doucereux,
La Symplegade et les bans périlleux,
Idmon encor qui, plein de grande audace,
Est terrassé d’un sanglier sur la place,
Les deux enfans d’Aquilon forcené
Chassans par l’air les monstres de Phiné,
Les fiers Taureaux qui en lieu de fumée
Jettoient du feu de leur gueule allumée,
Le champ semé et les membres Geans
Naissans de terre, et felons se tuans,
Et le Dragon vigilant de nature
Que l’on endort par magique murmure,
Les Myniens valeureux et dispos
Lesquels portoient leur mere sur le dos,
Le Dieu Triton donnant à Eurypile
Un verd gazon, duquel nasquit une isle :
C’estoit l’Enigme où les effectz divers
De ce bel art estoient du tout couvers.
« Tant plus un art est précieux et rare,
« Autant doibt-on au vulgaire barbare
« Le rendre obscur, et si on le descrit,
« Que soit sans plus pour ceux de bon esprit »
Aussi ce docte habitant de Stagyre
Voulut jadis ses beaux livres escrire,
Qu’on ne pouvoit entendre aucunement,
S’il n’en donnoit luy-mesme enseignement,
Ou si par peine et diligence extresme
On n’apprenoit ses discours de soy-mesme.
Et ainsi fut Heraclyte incité
D’aller voilant soubz une obscurité
Ses sainctz decretz pour former nostre vie,
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