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VOYAGES

produit peu de chose, la Providence a pourvu d’une autre manière à la subsistance des Indiens et des voyageurs qui traversent ces régions ; nous abattions sans peine six buffles par jour pour les quarante personnes que contenait notre camp. Dans tout mon voyage, je n’ai pu me lasser de contempler avec admiration ces animaux vraiment majestueux avec leurs épaules, leur cou et leur tête raboteux. Si leur nature pacifique n’était connue, leur seul aspect ferait trembler. Ils sont timides, sans méchanceté, et aucunement à redouter, excepté dans leur propre défense, lorsqu’ils sont blessés et serrés de près. Ils sont doués d’une force extraordinaire, et quoiqu’ils paraissent lourds, leur course est cependant très-rapide ; il faut un bon cheval pour les suivre à une grande distance.

Dans cette même région, les bandes de chevaux marrons ou sauvages sont très-nombreuses ; il est nécessaire d’user de beaucoup d’adresse et d’avoir des chevaux à longue haleine pour les prendre. Les Espagnols-Mexicains et en général les Indiens sont adroits dans cette sorte de chasse ; il est rare qu’ils manquent, quoique à la course, à leur passer la longe autour du cou.

Le 4 juin, nous traversâmes en canot de buffle la Fourche-à-la-Ramée, l’un des principaux tributaires de la Plate. Nous y trouvâmes une quarantaine de loges des Sheyennes, qui nous reçurent avec toutes les marques de bonté et d’estime ; ils