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TRADITIONS, MOEURS ET COUTUMES

En voilà aujourd’hui cent mille poussés sur les bords de la vaste et inhabitable prairie ; la chasse ne peut pas suffire à leur subsistance, ils ne sont point accoutumés au travail ; on peut donc concevoir des craintes sérieuses sur leur sort. Ah ! si notre nombre était plus grand, et que nos ressources y correspondissent, ce serait peut-être le moyen de faire un bien durable parmi eux, et d’empêcher leur extinction totale. Presque toutes les nations du nord de l’Amérique montrent une grande prédilection pour les missionnaires catholiques, et semblent nous tendre les bras de préférence, nonobstant les millions de piastres que les sociétés protestantes dépensent pour s’attacher ces pauvres gens ; en réalité ces piastres ne servent qu’à enrichir les soi-disant ministres de l’Évangile avec leurs femmes et les enfants qu’ils traînent après eux. En attendant ils viennent occuper la place, et partout où ils sont il faudrait cependant former un établissement catholique.

Il n’est pas rare de rencontrer des ours dans notre voisinage ; mais cet animal attaque rarement l’homme le premier, seulement il se défend quand on le blesse. Les loups se présentent très-souvent jusque sur notre porte ; récemment ils nous ont enlevé toutes nos poules Ils sont de deux sortes : les loups des prairies, timides et petits ; et les loups noirs des montagnes, qui sont grands et dangereux. Nous devons toujours nous tenir en garde contre ces mauvais voisins : je ne