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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

des trois fourches (le Madison) qui donnent naissance au Missouri : nous rendîmes grâces à Dieu pour tous les bienfaits dont il nous avait comblés durant l’année ; et j’eus la consolation de voir cinquante Têtes-plates s’approcher de la sainte table, mais avec un air si humble, si modeste, et si dévot, qu’ils ressemblaient plutôt à des anges qu’à des hommes… C’est ce même jour que j’ai pris, non sans peine, une décision que l’intérêt de la mission semblait absolument exiger, celle de parcourir une quatrième fois le dangereux désert américain. Si le bon Dieu me conserve la vie, car je serai environné de périls, je vous enverrai de Saint-Louis la relation de cette dernière course.

Ainsi, M.  le Chanoine, vous le voyez, dans ces déserts il faut toujours avoir son âme entre ses mains ; par conséquent il serait fort bon que la mission eût toujours quelques pièces de rechange. Encore une fois, priez le Seigneur qu’il nous envoie des collaborateurs, Rogate Dominum messis, ut mittat operarios in messem suam, et des milliers d’âmes, qui se perdraient sans ce secours, vous béniront un jour dans l’éternité.

Le P. Point a sollicité la mission des Pieds-noirs. En attendant que la porte de leur pays s’ouvre à la prédication de l’Évangile, ce qui, j’ai lieu de le croire, ne tardera pas, il ira évangéliser les Cœurs-d’alêne et leurs voisins. J’espère que nous aurons à répéter pour le bonheur de ces nouvelles peuplades ce que nous avons pu dire cette année de nos