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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

est peu nombreuse, mais très-intéressante par son ardeur pour le bien. Dès qu’ils eurent la certitude de ma visite, ils députèrent des courriers dans toutes les directions pour avertir les absents de l’approche de la Robe-noire ; et à mon arrivée, tous, sans exception, se trouvèrent réunis sûr les bords du grand lac qui porte leur nom, à l’endroit que j’avais indiqué pour le rendez-vous. Une joie simple et naïve brillait sur tous les visages ; toute la peuplade se pressait pour me serrer la main : c’était la première visite de cette nature qu’ils recevaient. Voici l’ordre qu’ils observèrent dans la cérémonie de réception : les chefs et les vieillards marchaient en tête de la tribu, venaient ensuite les hommes mariés, puis les jeunes gens et les garçons, enfin les femmes, les filles et les mères entourées de leurs petits enfants. Je fus conduit comme en triomphe au milieu de tout ce monde jusqu’à la loge du grand chef. Là parut d’abord, comme chez tous les sauvages, le sempiternel calumet : on fuma deux ou trois rondes en silence et dans le plus profond recueillement. Alors le chef m’adressa la parole et me dit : « Robe-noire, vous êtes le bienvenu sur nos terres. Nous vous remercions de votre charité à notre égard. Depuis longtemps nous désirions vous voir et entendre les paroles qui doivent nous éclairer. Nos pères ont invoqué le soleil et la terre : je me souviens très-bien du temps où la connaissance d’un seul et vrai Dieu est parvenue jusqu’à nous, et