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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

Le bon Nicolas se joignit à eux dans le dessein de faire auprès de leurs camarades ce qu’il avait fait auprès d’eux ; il partit, se promettant de revenir bientôt avec l’annonce et les preuves de quelque grand succès : il n’est pas encore revenu ; mais nous avons appris que lui et ses compagnons avaient parlé si favorablement de la prière et des Robes-noires, que déjà la sanctification du dimanche est à l’ordre du jour dans le camp où se trouve Nicolas, et qu’un grand chef avec soixante loges se proposent de faire prochainement notre connaissance, et même de s’unir aux Têtes-plates.

En attendant, la justice divine châtie avec rigueur un bon nombre de leurs voleurs. Cette année les Nez-percés en ont pris et tué douze en flagrant délit ; et pendant que celui dont j’ai parlé tout à l’heure recevait son châtiment de la main d’un Tête-plate, trente autres, à deux journées de là, le recevaient de celles des Pends-d’oreilles. Ce qu’il y eut de remarquable dans cette dernière exécution, c’est qu’il n’y eut que quatre Pends-d’oreilles pour commencer l’attaque, et que, quoique pour fondre sur les coupables retranchés derrière une sorte de rempart, il leur eût fallu en essuyer le feu presque à bout portant, aucun d’eux, ni du petit nombre de leurs camarades venus à leur aide, ne succomba dans la lutte. J’ai vu le théâtre de ce combat quelque temps après : de s trente voleurs exécutés, il ne restait plus que cinq ou six têtes si entièrement décharnées, qu’on eût