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UNE ANNEE DE SÉJOUR

visoire était là, assez vaste pour mettre à l’abri toute la peuplade, avec une centaine de Nez-percés que la curiosité avait attirés dans le voisinage. Depuis lors la fuite du péché, l’exactitude aux instructions, les fruits de la divine parole furent si sensibles dans la nouvelle réduction, que, le 3 décembre, deux cents deux catéchumènes étaient rangés dans la chapelle pour recevoir le baptême. Un tel bouquet offert à saint François-Xavier, l’apôtre des Indes, était trop beau pour ne pas exciter la fureur de l’ennemi des hommes : aussi vit-on quelques jours auparavant se multiplier les épreuves. Pour ne parler que des plus visibles, l’interprète, le préfet de l’église et le sacristain tombèrent malades ; la veille même du grand jour, une espèce d’ouragan ravagea les environs ; les fenêtres de l’église furent enfoncées, de grands arbres déracinés, trois loges devinrent le jouet des vents. Mais loin de nuire au triomphe de la Religion, ces contradictions ne servirent qu’à le rendre plus éclatant. Dans la soirée, pendant le calme qui avait succédé à la tourmente, les catéchumènes, réunis pour la préparation prochaine au sacrement de la régénération dans la chapelle qu’on avait parée de ses plus beaux ornements, furent si émerveillés de ce qu’ils voyaient, qu’ils ne pouvaient revenir de leur admiration. Le lendemain, excepté le temps du dîner, on fut à l’église depuis huit heures du matin jusqu’à dix heures et demie du soir. Qu’il était beau d’enten-