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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

choses du ciel, aussitôt leurs cœurs s’embrasent de l’amour divin, et ils mettent la main à l’œuvre. Nuit et jour ils sont à nos côtés, insatiables du pain de la parole de vie. Combien de fois les ai-je entendus s’écrier : « Ce sont nos péchés sans doute qui nous ont rendus si longtemps indignes de connaître ces vérités consolantes. » J’ajouterai qu’il n’y a pas de sauvages au monde plus avides d’entrer dans la voie du salut, et chez lesquels il y ait si peu d’empêchements à l’introduction de l’Évangile. Ils n’ont ni idoles, ni sacrifices ; il ne reste plus parmi eux aucun vestige de superstition, ils n’ont aucune distinction de caste, et le voisinage des blancs, avec le cortège de vices qui l’accompagne, ne s’y fait pas encore sentir.

Sans doute qu’on y rencontre souvent des désagréments et des peines : mais cela doit-il arrêter le zèle d’un missionnaire ? Le désert à traverser est immense et monotone, mais on en voit la fin et l’on s’y prépare à l’apostolat ; les bêtes féroces le remplissent et l’infestent, mais elles fuient à l’approche de l’homme. Si quelquefois on y est condamné à un jeûne d’un jour ou deux, ce qui arrive, on en gagne meilleur appétit pour les jours suivants ; si une nuit orageuse ou les hurlements des loups empêchent de fermer l’œil, on en dort mieux la nuit suivante ; si la route qu’on se fraie, les sauvages ennemis qu’on rencontre, mettent la vie en danger, ces contre-temps nous apprennent à ne mettre notre confiance qu’en Dieu, à bien