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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

appelle le monde ; il s’agit de conserver ce précieux avantage en prenant les plus grandes précautions dans les rapports immédiats des sauvages avec les blancs, même avec les ouvriers étrangers que nous n’employons que par nécessité ; parce que, bien qu’ils ne soient pas mauvais, ils sont loin d’être aussi bons qu’il le faudrait pour servir de modèles à des hommes qui ont assez d’humilité pour ne se croire bons qu’autant qu’ils se rapprochent des blancs.

2o L’intelligence de la langue maternelle seule, en se bornant dans les écoles (je parle pour l’avenir ) à leur apprendre à lire et à écrire dans leur langue, puis le calcul et le chant musical. Des exceptions à cette règle ne pourraient avoir lieu qu’en faveur de ceux en qui l’on verrait des dispositions extraordinaires, et qui feraient concevoir l’espérance fondée de les voir devenir un jour des auxiliaires pour le bien de la Religion. Un enseignement qui irait plus loin me semblerait fort préjudiciable à la simplicité de ces bons Indiens ; simplicité, je l’avoue, sur laquelle on pourrait greffer bien des erreurs, qu’il faudrait même éclairer du reflet des sciences humaines, si elle se trouvait dans le voisinage des prétendues lumières, mais qui est la source de toutes les vérités et de toutes les vertus quand elle peut n’être éclairée que du flambeau de la foi. C’est en quoi Laharpe lui-même fait consister la perfection de notre ministère auprès des sauvages, en parlant des apôtres de notre Compagnie :

« Éclairant par la foi l’ignorance sauvage. »