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VOYAGES

même exemplaires ; que les querelles, les injures, les divisions, les inimitiés, les rixes leur sont inconnues : — l’année dernière, pendant un séjour de plusieurs mois au milieu d’une grande partie de la peuplade, jamais je n’ai pu observer le moindre dérèglement ; — que si quelques enfants vont nus, usage qu’il sera facile d’abolir, personne ne paraissait avoir l’air de s’en apercevoir.

J’ajouterai que toutes leurs bonnes qualités sont déjà surnaturalisées par des vues de foi, et par leur grand zèle pour pratiquer ce que commande, et pour éviter ce que défend notre sainte Religion ; qu’on ne rencontre plus chez eux aucun vestige de superstition ; que leur confiance en nous est telle, qu’il ne leur vient pas même à la pensée que nous puissions être ni trompés, ni trompeurs ; qu’ils croient sans la moindre difficulté les mystères les plus profonds, aussitôt qu’ils leur sont proposés. J’ai dit ailleurs ce qu’ils avaient fait pour obtenir des Robes-noires, les dangers courus, les voyages entrepris, les maladies, les morts, les massacres qui en ont été la suite. Ce qu’ils ont fait pendant mon absence, et jusqu’à notre retour parmi eux, rend également témoignage de la droiture de leurs intentions. Maintenant, quelle exactitude à se rendre aux offices ! quel recueillement à la chapelle ! quelle attention au catéchisme ! quelle modestie, quelle piété, quelle ferveur dans leurs prières ! quelle humilité, quelle naïveté dans ce qu’ils racontent