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VOYAGES

moment où j’écris ces lignes, les voix bruyantes de nos charpentiers, le forgeron qui fait résonner le marteau sur l’enclume, m’annoncent qu’il est question, non plus de poser les fondements, mais bien d’élever le comble de la maison de prière (l’église) ; c’est qu’aujourd’hui même, trois sauvages, députés de la tribu des Cœurs-d’alêne qu’attire ici la nouvelle du bonheur futur des Têtes-plates, sont venus nous conjurer d’avoir aussi pitié de leurs compatriotes : « Père, me disait l’un d’eux, nous sommes vraiment dignes de pitié, nous désirons servir le Grand-Esprit, mais nous ne savons que faire pour cela ; nous avons besoin de quelqu’un pour nous l’apprendre ; voilà pourquoi nous nous adressons à vous.»

Et le jour de la plantation de la Croix au milieu du camp, que j’eusse voulu que nos Pères et Frères d’Europe, et vous aussi mes Sœurs, vous eussiez été témoins de la cérémonie qui eut lieu vers le soir ! Combien tous les cœurs n’eussent-ils pas été émus, en voyant s’élever dans les airs le signe auguste de notre salut, au milieu d’un peuple, petit il est vrai, si l’on n’envisage que le nombre, mais bien grand pour le zèle d’un missionnaire, qui peut trouver parmi eux des apôtres et des martyrs de la cause sacrée ! Vous eussiez vu avec quels sentiments de foi et d’amour tous ceux qui étaient présents, depuis le grand chef jusqu’aux plus petits enfants, venaient se prosterner au pied