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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

les wagons sur deux lignes et fait placer au milieu tout ce qui peut courir ailleurs quelque risque ; tout se prépare pour une action d’eclat. De son côté, l’escadron des sauvages, considérablement grossi, s’avance fièrement, présentant un large front de bataille, comme s’ils avaient l’intention d’envelopper notre phalange ; mais à notre bonne contenance, et à la vue du capitaine qui s’avance vers eux, bientôt ils ralentissent le pas et finissent par s’arrêter ; on parlemente, et le résultat de la négociation ayant été qu’on rendrait au jeune Américain tout ce qu’on lui avait pris, à condition que lui ne rendrait pas les coups qu’il avait reçus, tout s’apaisa, et l’on convint de part et d’autre de fumer le calumet. Ces sauvages étaient un parti d’environ quatre-vingts Sheyennes ; leur tribu passe pour la plus brave de la prairie ; ils suivirent notre camp deux ou trois jours ; leurs chefs furent admis à notre table, et tout se passa à la satisfaction générale.

Une autre fois, comme nous étions avec l’avant-garde des Têtes-plates, mais acculés dans une gorge de montagnes, après avoir marché inutilement une journée entière, nous fumes obligés de retourner sur nos pas. Le soir, on s’aperçut qu’il y avait dans les environs un parti de Ranax, sauvages qui encore cette année ont tué plusieurs blancs ; trois ou quatre de leurs loges étaient dressées dans le voisinage ; mais il paraît qu’ils avaient plus peur que nous : avant le jour ils avaient disparu.