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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

point d’animal qui l’emporte sur ces insectes. Au milieu de la journée, ils ne vous inquiéteront pas, mais à condition que vous quittiez l’ombre, et que vous alliez vous exposer aux ardeurs du soleil. Le soir, le matin, la nuit, leur bourdonnement aux oreilles ne cesse pas un instant ; ils s’attachent avec avidité à la peau comme des sangsues, et enfoncent dans la chair leur dard empoisonné. Il n’y a point contre eux d’autre moyen de défense que de se cacher entièrement sous sa couverture, ou de s’envelopper la tête de quelque tissu impénétrable, au risque d’étouffer. C’est surtout pendant le repas qu’ils sont incommodes ; alors, pour s’en débarrasser, il faut produire, à l’aide de bois pourri ou d’herbes vertes, une épaisse fumée sans flamme ; ce remède est vraiment efficace ; mais on ne l’emploie qu’en désespoir de cause, car on est presque suffoqué par les nuages épais qui vous environnent. On pourrait donner à ces sortes de repas le nom de festins à tristes figures ; chacun fait la grimace, et les plus insensibles mêmes ont les larmes aux yeux. Tant que la fumée dure, ces petits trouble-tout voltigent alentour, mais aussitôt que l’atmosphère s’éclaircit, ils reviennent à la charge dans toutes les directions et s’attachent au visage, aux mains, aux pieds, aux jambes, jusqu’à ce qu’un autre tas de bois pourri, jeté sur les charbons ardents, les mette de nouveau en fuite.

Les frappe-d’abord ou brûlots se trouvent par myriades au désert, et ne sont pas moins nuisi-