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VOYAGES

verser. Dans le lointain nous apercevions les montagnes Rocheuses. Les trois Tétons étaient à notre droite, à la distance d’environ cinquante milles, et les trois Buttes à notre gauche, à une trentaine de milles.

De l’embouchure de la Fourche-à-Henry nous nous dirigeâmes vers la montagne par une plaine sablonneuse, entrecoupée de ravins et parsemée de blocs de granit ; nous y passâmes un jour et une nuit sans eau. Le lendemain, vers le soir, nous gagnâmes un petit ruisseau ; mais telle est l’aridité de ce sol poreux, que nous vîmes bientôt ce filet d’eau se perdre dans les sables sans laisser le moindre vestige. Le troisième jour de cette expédition vraiment fatigante, nous arrivâmes dans un défilé arrosé par un large ruisseau, et où la verdure était encore belle et abondante. Nous appelâmes cet endroit le défilé des Pères, et le ruisseau, qui n’avait point de nom, la rivière de Saint-François-Xavier.

Du défilé des Pères jusqu’à notre destination, le pays est bien arrosé ; au pied des montagnes nous trouvâmes partout des fontaines, de petits lacs et des fourches. Aucun pays au monde ne fournit une eau plus limpide et plus pure ; n’importe la profondeur d’une rivière, on en voit toujours le fond.

La fontaine la plus remarquable que nous ayons vue dans les montagnes, est la Loge-aux-chevreuils. Elle se trouve sur le bord de la fourche princi-