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VOYAGES

interrogés par signes sur le résultat de leur expédition, nous apprîmes d’eux-mêmes qu’ils n’avaient pas même vu l’ennemi, et qu’ils avaient grand faim. On leur donna, ainsi qu’à une quinzaine d’autres qui les suivaient de près, non-seulement de quoi manger, mais encore de quoi fumer. Ils mangèrent beaucoup, mais ne fumèrent pas ; et contre la coutume des sauvages, qui après un repas en attendent presque toujours un autre, ils partirent d’un air qui annonçait qu’ils n’étaient pas contents. La brusquerie de ce départ, le calumet mis de côté, ce retour précipité de leur expédition, le voisinage rapproché de leurs peuplades, leur amour bien connu pour un pillage facile, tout contribuait à nous faire craindre de leur part quelque tentative, sinon contre nos personnes, du moins contre nos chevaux et nos bagages ; mais grâce à Dieu, nos appréhensions furent vaines ; ils partirent, et pas un ne reparut.

Quoique menteurs et voleurs, chose assez étonnante, les Pawnees sont presque vrais croyants au sujet de la vie à venir, et plus que pharisiens dans l’observance de leurs pratiques superstitieuses. La danse, la musique, aussi bien que le jeûne, la prière et le sacrifice, font partie essentielle de leur culte. Le plus ordinaire est celui qu’ils rendent à un oiseau empaillé, rempli d’herbes et de racines auxquelles ils attribuent une vertu surnaturelle. Ils disent que ce manitou a été envoyé à leurs ancêtres par l’étoile du matin, pour leur servir de