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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

quelque coin. En voyage elles s’en servent également, en le portant, tantôt sur le dos à la façon des Égyptiennes ou diseuses de bonne aventure, quelquefois à leur côté, le plus souvent suspendu au pommeau de leur selle ; tandis qu’en même temps elles traînent derrière elles ou poussent en avant les bêtes de somme qui portent, avec la tente, le bagage et quelquefois les armes de leurs maris ; elles galopent en cet équipage aussi vite qu’eux, et ces innocentes créatures paraissent comprendre que crier et pleurer ne les soulage pas, car il est rare qu’on entende leurs sons plaintifs.

Mais revenons à notre loge ; que faisaient les hommes ? Lorsque nous entrâmes, les uns causaient en attendant le repas (car manger est leur principale occupation lorsqu’ils ne dorment pas), d’autres fumaient, s’amusant à renvoyer la fumée par les narines ; d’autres s’occupaient de leur toilette ; et comme ils s’arrachaient soigneusement les poils de la barbe et des sourcils, j’eus l’occasion de remarquer que l’embellissement de la tête était le principal objet de leurs soins. Contre la coutume de la plupart des sauvages qui laissent croître leur chevelure (parmi les Corbeaux, il y a un chef dont la chevelure est de onze pieds), les Kants se la rasent entièrement, à la réserve d’un bouquet fortement crêpé, qu’ils laissent au sommet de la tête, pour recevoir le plus bel ornement, selon eux, dont une tête d’homme soit susceptible, je veux