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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

tations aux festins qu’il nous fallut parcourir jusqu’à minuit. S’y refuser eût été le comble de l’impolitesse ; ils nous croient d’ailleurs aussi capables qu’eux-mêmes de manger à toute outrance, et à toute heure du jour et de la nuit. Un sauvage est un être singulier sous ce rapport ; il est insatiable et infatigable ; on le trouve toujours prêt lorsqu’il s’agit de manger ; mais j’ajouterai en même temps que, dans la disette, il est d’une patience admirable, et observe le jeûne le plus rigoureux pendant des semaines entières.

Ces sauvages nous aidèrent le lendemain à traverser le Missouri dans leurs canots de buffle. Ces canots ont la forme d’un panier rond fait de saules entrelacés d’un pouce d’épaisseur, et qu’on couvre d’une peau de buffle. Les femmes conduisent ce bateau de leur fabrique avec beaucoup de dextérité. Le nombre de personnes que ces canots portent est vraiment étonnant. Nos chevaux, qui nous avaient suivis à la nage, s’embourbèrent jusqu’au cou sur la rive opposée ; il fallut un demi-jour de travail pour les retirer de la vase.

Le même soir nous arrivâmes au premier village permanent des Arikaras. Leurs maisons sont très-commodes et spacieuses ; elles sont formées de quatre gros troncs d’arbres dressés et fourchus qui supportent les poutres et une charpente de grosses perches entrelacées d’osiers : toute la construction est couverte de terre. Un trou creusé