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VOYAGES

au sud encore, sont les Chaudières, environ 600. À l’ouest de ceux-ci, se trouvent les Sinpavelist, au nombre de 1,000 ; plus bas les Shoopshaps, 600 âmes ; à l’ouest et au nord-est, les Okanagans, 1,100 ; au nord et à l’ouest, on rencontre encore différentes nations ; sur lesquelles je n’ai pu obtenir que des informations vagues et incertaines.

J’avais fixé mon départ au 27 août. Dix-sept guerriers, l’élite des braves des deux nations, se trouvaient de grand matin à l’entrée de ma loge, avec trois chefs. Le conseil des anciens les avait désignés pour me servir d’escorte, aussi longtemps que je me serais trouvé dans le pays des Pieds-noirs et des Corbeaux. Ces deux nations sont si hostiles aux blancs, que les premiers ne leur font jamais quartier lorsqu’ils en rencontrent, mais les massacrent de la manière la plus cruelle : les seconds leur ôtent tout ce qu’ils possèdent, les dépouillent jusqu’à la chemise, et les abandonnent dans le désert pour y périr de faim et de misère ; quelquefois ils leur accordent la vie, mais les font prisonniers. Longtemps avant le lever du soleil, toute la nation s’était assemblée autour de ma loge ; personne ne parlait, mais la douleur était peinte sur tous les visages. La seule parole qui parût les consoler fut ma promesse formelle d’un prompt retour au printemps prochain et d’un renfort de plusieurs missionnaires. Je fis les prières du matin au milieu des pleurs et des sanglots de ces bons sauvages. Ils m’arrachaient malgré moi les larmes que j’au-