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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

qu’ils ont le plus estimées pendant la vie, que les sources de leur bonheur présent seront portées à la perfection, et que la punition des méchants consistera dans une privation de toute félicité, tandis que le démon les accablera de misère d’une manière effrayante. Cette croyance du bonheur et du malheur éternel varie d’après les circonstances dans lesquelles ils ont vécu sur la terre.

Les sauvages à l’ouest des montagnes sont très-pacifiques et se font rarement la guerre ; ils ne se battent jamais que pour se défendre. C’est avec les Pieds-Noirs seuls, qui habitent à l’est, qu’ils ont souvent des rencontres sanglantes. Ces maraudeurs sont toujours en marche, pillant et tuant tous ceux qu’ils rencontrent. Lorsque les sauvages de l’ouest aperçoivent cet ennemi, ils l’évitent, s’il est possible ; mais s’ils sont obligés de combattre, ils montrent un courage ferme et invincible, et chargent leurs adversaires avec la plus grande impétuosité. Ils s’élancent pêle-mêle sur eux en jetant le cri de guerre, déchargent leur fusil et décochent leurs flèches, portent des coups de lance, de sabre ou de casse-tête, reculent pour recharger, retournent dix fois à la charge, et bravent la mort avec le plus grand sang-froid. Ils répètent ces attaques jusqu’à ce que la victoire soit décidée. On dit communément dans les montagnes qu’un Tête-Plate ou un Pends-d’Oreille vaut quatre Pieds-Noirs ; lorsqu’un parti de ces derniers en rencontre un de Têtes-Plates, égal ou supérieur en nom-