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Donc, encore une fois, méfiez-vous des faux enthousiasmes, méfiez-vous des fausses tristesses, méfiez-vous des études mal faites. Ayez confiance dans vos guides naturels, qui sont encore les meilleurs amis que vous puissiez rencontrer en votre chemin. N’allez pas, dans un moment de caprice ou de mauvaise humeur, vous adresser, tête baissée, au premier venu dont vous aurez lu le nom dans un journal. L’imagination est une belle chose sans doute, mais il faut avant tout l’amortir, la dominer, l’écraser tant qu’on le peut.
Voilà ce que je voulais vous dire, et aussi ce que votre lettre m’a fourni : une preuve d’un esprit peu obéissant, mais d’un cœur honnête. Elle est bien honorable pour moi, qui suis très-heureux d’inspirer de temps à autre de tels sentiments. Enfin, elle m’a donné l’occasion de vous faire une homélie polie comme bien loyale, dont j’espère que vous profiterez. Et puis un jour, quand vous signerez : Constant, episcopus lugdunensis, ou autre lieu, je présume vous écrire à mon tour : « J’invoque votre parenté, monseigneur, bénissez-moi. » En attendant ce jour, glorieux pour tous les deux, je suis de Votre Grandeur, monseigneur, le très-humble et très-obéissant serviteur.
Jules Janin.

La lettre que voici, écrite au courant de la plume comme les précédentes, fut envoyée, en juin 1856, à M. Twist, un horticulteur hollandais :