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pas pour auxiliaire la jeunesse, cette fée enivrante qu’il a toute sa vie si poétiquement célébrée ? Écoutez comme il en parle :

Ô la jeunesse ! la jeunesse ! Dans le livre, dans le drame, dans le rêve, dans le monde, elle peut remplacer merveilleusement toutes choses. La jeunesse, c’est l’espérance en sa fleur, ce sont toutes les émotions du cœur de l’homme, j’entends toutes les nobles et douces émotions réunies, entassées, florissantes et chantantes passions d’un jeune cœur. La jeunesse, c’est la misère folâtre, c’est le frais sommeil, c’est la santé qui vit de peu ; c’est l’amour au hasard qui bondit comme un jeune lion, ce sont les jolies filles en robes fanées, aux dents blanches, aux mains rouges, au sein qui bat. La jeunesse, c’est la poésie, éparse çà et là, qui vous accompagne comme un parfum invisible ; elle se joue à votre chevet, elle s’assied à votre table, elle rit dans votre verre à demi-plein ; c’est elle qui ouvre la porte aux créanciers avec son air madré et boudeur, et qui les paye avec un sourire. Dites-moi donc, quand vous faites un livre, si votre héros est un jeune homme ! En ce cas, vous êtes sauvé, mon frère, en ce cas vous allez faire un chef-d’œuvre[1].

Nous trompons-nous ? Ces lignes ne sont-elles point vivantes et ravissantes ? Comme il a

  1. Le Chemin de traverse.