Page:Picard - H. Taine, 1909.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
H. TAINE

l’État[1] ». — Le législateur saura reconnaître que, pour devenir bienfaisante en matière de gouvernement, sa raison doit se mettre en accord avec la nature, par conséquent accepter l’inévitable passé, se faire tradition, même au besoin préjugé. Loin de chercher à contrecarrer l’impulsion naturelle des choses, il agira dans le sens et d’après les données de l’histoire.

C’est ici qu’intervient le second principe, le « Tâche de comprendre », et l’on voit tout de suite quelle importance il acquiert. Il ne s’agit pas d’imaginer la forme sociale future, mais de la rechercher dans les combinaisons du passé. L’histoire, source du progrès, révélera les règles de la politique. Elle fera entrevoir l’idéal immanent aux sociétés diverses, — idéal variable selon les époques, idéal fait des directions dominatrices, des qualités maîtresses qui sont la raison d’être, et par conséquent le noyau constitutif de telle ou telle nation, de telle ou telle race. C’est cet idéal qu’il s’agit de prolonger et de satisfaire. Il importe donc, d’abord, de le bien con-

  1. Les origines de la France contemporaine, la Révolution, t. 1, p. 188.