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Mais, puisque vous n’avez besoin pour vous-même de rien de ce que je puis donner, souffrez que ces gens reçoivent de moi quelque argent et ce qu’ils pourront désirer. » En disant ces mots, il désignait Damis et les autres compagnons d’Apollonius ; mais ceux-ci refusèrent. Alors Apollonius : « Vous voyez, ô roi ! combien j’ai de mains, et comme elles se ressemblent toutes. — Au moins, dit le roi, acceptez un guide pour vous conduire et des chameaux pour vous porter : car le voyage est trop long pour que vous le puissiez faire à pied. — Cela, je l’accepte de votre bonté, ô roi ! car on dit que la route est trop difficile pour ceux qui n’ont pas de monture ; d’ailleurs le chameau est un animal très sobre et facile à nourrir, même quand le fourrage vient à manquer. Je crois qu’il faut aussi faire provision d’eau, et en porter dans des outres comme du vin. — Pendant trois jours l’eau vous manquera ; après cela vous trouverez en abondance des rivières et des sources. Vous suivrez le chemin du Caucase : le pays est bien pourvu de vivres, et les habitants nous regardent comme des amis. Mais, Apollonius, quel présent me rapporterez-vous de l’Inde ? —Un bien agréable ; car si je gagne quelque chose dans le commerce des sages indiens, vous me trouverez meilleur qu’aujourd’hui. » À cette dernière parole, le roi l’embrassa et lui dit : « Puissiez-vous en effet revenir, me rapportant un présent si précieux ! »