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du haut du trépied ; il disait sans cesse : « Je sais, Il me semble, Que faites-vous ? Il faut savoir… ». Ses sentences étaient brèves et solides comme le diamant, ses expressions étaient d’une grande propriété et parfaitement appropriées aux choses, tout ce qu’il disait avait autant de retentissement que les édits d’un prince. Un de ces hommes qui disputent sur des riens lui demanda un jour pourquoi il ne cherchait pas. « J’ai cherché dans ma jeunesse, répondit Apollonius ; maintenant il n’est plus temps pour moi de chercher, mais de dire ce que j’ai trouvé. » Et comme le même interlocuteur lui demandait comment doit enseigner le sage : « Comme un législateur, répondit-il ; car il faut, que le législateur prescrive aux autres ce dont il est bien persuadé lui-même. » C’est en parlant ainsi qu’il se fit écouter à Antioche des hommes les plus étrangers à la science.

XVIII. Ensuite l’idée lui vint d’entreprendre un long voyage, et sa pensée se porta sur l’Inde et les sages Indiens qu’on appelle Brachmanes ou hommes des forêts. Il disait, qu’il convient à un jeune homme de voyager et de voir du pays. Il se promettait aussi de beaucoup profiter à visiter les mages, dont il se proposait en passant d’étudier la science. Il découvrit son dessein à ses disciples, qui étaient au nombre de sept ; et comme ils essayaient de le détourner de ce projet et de tourner d’un autre côté son ardeur, il leur dit : « J’ai pris conseil des dieux, et je vous ai déclaré leur volonté pour vous éprouver et voir si vous êtes assez forts pour me suivre dans mon entreprise. Mais, puisque l’énergie vous manque, adieu, et philosophez à votre aise : pour moi, il me faut marcher où la sagesse et la Divinité me conduisent. » Après avoir ainsi parlé, il quitta Antioche avec deux serviteurs qui lui venaient de la

    pare Socrate et Apollonius, toujours à l’avantage du dernier. (Voyez IV, 2 ; I, 2 ; VIII, 7 ; VII, 11.)