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APOLLONIUS PYTHAGORICIEN.

mère[1] ; puis, étant revenu à la vie, il n’avait jamais voulu se vêtir d’étoffes fournies par la dépouille des animaux, il s’était abstenu de viandes et de tout sacrifice qui dût coûter la vie à un être animé : au lieu d’ensanglanter les autels, c’était avec des gâteaux de miel, avec de l’encens, avec des chants, que ce sage avait coutume d’honorer les dieux ; « de telles offrandes, disait-il, leur sont bien plus agréables que des hécatombes, avec le couteau dans la corbeille. » Pythagore le savait : car il était visité par les dieux, et ils lui avaient appris ce qui, chez les hommes, leur est agréable ou odieux ; c’est d’eux qu’il tenait tout ce qu’il disait sur la nature. Pour ce qui concerne les dieux, les autres n’avaient que des conjectures, que des opinions contradictoires ; Pythagore avait vu lui apparaître et Apollon, qui s’était déclaré à lui, et d’autres dieux, qui s’étaient révélés moins complètement, par exemple, Minerve et les Muses, et même des divinités dont les hommes ne connaissent ni la forme ni le nom. Tous les enseignements de Pythagore étaient des lois pour ses disciples qui l’honoraient comme un envoyé de Jupiter. Ils gardaient le silence sur les manifestations de la divinité : souvent, en effet, ils entendaient en secret des voix divines, sur lesquelles il leur eût été difficile de se taire, s’ils n’avaient appris auparavant que le silence aussi est un langage. Empédocle d’Agrigente[2] suivit, dit-on, cette doctrine. On le voit par ces vers :

« Adieu ! je ne suis plus pour vous un homme, mais un dieu
     habitant de l’Olympe ».


Et ailleurs,

« Je fus autrefois une jeune fille, un jeune homme ».


Et l’offrande que, suivant la tradition, il fit à Jupiter Olym-

  1. Iliade, XVII, 59
  2. Empédocle est du ve siècle avant J.-C.