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nisme fît tomber toutes les colères qu’avait pu susciter le nom d’Apollonius de Tyane. Les écrivains byzantins parlent bien quelquefois d’Apollonius comme d’un magicien, mais sans attacher à ce mot de sens défavorable[1] : encore certains magiciens de profession attribuaient-ils ses prodiges à la connaissance des causes secrètes, et les trouvaient-ils indignes d’être comparés aux œuvres de la vraie magie[2]. Gédrénus, Georges Syncelle et Jean Malalas insèrent dans leurs histoires un abrégé de la vie d’Apollonius, d’après Philostrate, comme pour rendre hommage à un des saints du paganisme ; Tzetzès, dans ses Chiliades[3], répète les mêmes récits, et en ajoute d’autres qui ne sont pas moins merveilleux. Photius[4] seul parle avec mépris du livre et du héros : la Vie d’Apollonius de Tyane n’est pour lui qu’un tissu de fables impertinentes, et il déclare que c’est une lecture frivole et inutile. Mais en même temps il fait l’éloge de l’auteur et vante les agréments de sa narration.

Le jugement de Photius est celui de bien des modernes. Il est même des critiques[5] qui inclinent à croire que la renommée d’Apollonius de Tyane est en grande partie l’œuvre de Philostrate. Mais, on l’a vu par ce qui précède, c’est

  1. Voyez le passage de la Chronique d’Alexandrie cité dans les Éclaircissements, p. 469.
  2. Voyez le passage de Cédrénus cité par Oléarius (Préface de son édition de Philostrate, p. XXXIV) et par Legrand d’Aussy (Vie d’Apollonius, t. II, p. 297).
  3. Livre I.
  4. Bibliothèque, ch. 44, p. 29.
  5. Voyez L. Vivès (de la Méthode d’enseignement, livre V) ; Joseph Scaliger (notes à la Chronique d’Eusèbe, p. 191) ; Vossius (Historiens grecs, livre II) ; G. Naudé (Apologie pour les grands personnages accusés de magie, p. 239, 302) ; l’abbé Du Pin (Histoire d’Apollonius de Tyane convaincue de fausseté, ch. 1 et 2).