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être surnaturel, un démon ; ailleurs, qu’il n’est qu’un homme[1]. Pourquoi ces hésitations ? Le Panthéon ancien était assez large pour contenir un dieu de plus, et Philostrate n’avait assurément rien qui pût lui faire craindre de dire toute sa pensée. Mais Philostrate n’était pas un homme de doctrine : qui essayerait, d’après son ouvrage, d’étudier à fond les idées philosophiques d’Apollonius de Tyane, serait fort désappointé. C’était un esprit avide de récits extraordinaires et de beau langage. Il n’a vu dans la biographie d’Apollonius de Tyane qu’une matière à développements littéraires et à narrations merveilleuses.

La véritable clef de cet ouvrage, c’est l’Héroïque du même Philostrate. Il y a plus d’un point par où ces deux ouvrages se rapprochent et se touchent. Dans l’un comme dans l’autre, on trouve les mêmes préoccupations littéraires, le même goût pour le merveilleux, et jusqu’au remaniement des mêmes récits, sur l’ombre d’Achille, par exemple, et sur le héros Palamède[2]. L’un et l’autre doivent être classés parmi les ouvrages romanesques que nous a laissés l’antiquité. La Vie d’Apollonius de Tyane paraît à l’auteur d’une traduction inédite de cet ouvrage[3] une production du même genre que les romans français de Huon de Bordeaux, de Perseforest, de Lancelot du Lac, d'Amadis des Gaules. G. Naudé n’ajoute pas plus de foi à ces récits qu’à ceux dont le paladin Roland est le héros[4]. M. l’abbé Freppel

  1. Voyez les Éclaircissements historiques et critiques, p. 478.
  2. Voyez p. 147-155, et p. 464.
  3. Th. Sibilet, qui a composé cette traduction vers 1560. Elle a été conservée manuscrite à la Bibliothèque impériale. Voyez Miller, Journal des savants, 1849, p. 625.
  4. Apologie pour les grands personnages accusés de magie, 1553, p. 296. Telle est aussi l’opinion de l’abbé Du Pin, l’Hist. d’Apollonius