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&c.) ſi cela ne fait pas un bel effet, de voir promener ſur un Échiquier deux Pions plantés ſur une même Caſe, pour marquer une ſeconde Dame ? S’il en vient une 3me (choſe que j’ai vu pluſieurs fois à Paris) cela fait encore une meilleure figure, ſur-tout, lorſque le Cû du Pion, eſt à peu près auſſi large que la Caſe qui en doit contenir deux, je laiſſe donc à juger à préſent ſi cette méthode n’eſt pas des plus ridicules, & d’autant plus blamable, qu’elle ne ſe pratique dans aucun endroit où le jeu des Échecs eſt connu.

Toutefois, ſi malgré mes remontrances, mes compatriotes s’obſtinoient à continuer dans la même erreur, Je veux les exhorter d’avoir au moins la précaution, pour éviter toute chicane, de faire faire dans un jeu d’échecs 3 ou quatre Dames, autant de Tours, Chevaliers, &c. pour les placer au beſoin.

Je reviens à Don Pietro Carrera qui, ſelon toute apparence, à ſervi de modèle au Calabrois & à d’autres Autheurs ; Cependant ni lui, ni aucun d’eux ne nous ont donné, (malgré leur grande prolixité) que des inſtructions imparfaites, & inſuffiſantes pour former un bon joueur. Ils ſe font uniquement appliqués à nous donner des ouvertures de jeux, & enſuite ils nous abandonnent au ſoin d’en étudier les fins ; de ſorte que le joueur reſte à peu près auſi embarraſé que s’il eut été contraint de commencer la Partie ſans inſtruction.