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C. — Mais si tous étiez convaincu que vous appartenez déjà à l’Église orthodoxe, ne consentiriez-vous pas, comme simple laïque, à ne point du tout juger les autres Églises qui diffèrent d’elle, et à les abandonner au jugement de Dieu ?

S. — Dans ce cas, je n’aurais pas besoin de les juger ; mais croyez que je ne désire que d’être convaincu de l’orthodoxie de l’Église à laquelle j’appartiens ; ce désir, on ne saurait ni le défendre ni le limiter ; dans ce cas, ne suis-je pas obligé d’examiner au moins l’Église dans laquelle je me trouve ? et si j’y remarque quelques défauts, ne suis-je pas forcé de juger ?

C. — Voyons s’il ne se trouve aucun moyen d’éviter cette dangereuse nécessité. Opposons à un désir plausible un devoir positif.

Et d’abord : vous devez vous juger vous-même ; « car, dit le saint apôtre Paul, si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés. » — « Examinez-vous vous-mêmes, dit-il ailleurs, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes ; ne reconnaissez-vous pas vous mêmes que Jésus Christ est en vous ? à moins toutefois que vous ne soyez réprouvés[1], » c’est-à-dire que vous ne soyez pas ce que vous ne devriez pas être. Éprouvez-vous donc vous-même pour savoir si vous êtes dans la foi, ou, ce qui est la même chose, si Jésus-Christ est en vous. Et si vous ne le sentez pas en vous, examinez encore si vous n’êtes pas vous-même en quelque sorte ce que vous ne devriez pas être, c’est-à-dire s’il n’y a pas en vous quelques dispositions qui s’opposent à l’action de la foi et à l’union avec Jésus-Christ ? Un

  1. I Cor. xi, 31 ; II, Cor. xiii, 5