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avait été remarquée à la fin du siècle dernier par l’auteur anonyme de l’Essai sur l’esclavage des nègres[1]. Faisant l’histoire de l’esclavage dans l’antiquité, il est d’abord amené à citer la Bible, et il écrit (p. 13) : « Quelques-unes de ces lois sont atroces et surtout en ce qui regarde les nations étrangères. D’autres ont pour objet d’adoucir les horreurs de l’esclavage, et c’est en particulier les esclaves hébreux qu’elles cherchent à protéger et favoriser. Elles ont eu plus d’influence qu’on ne croit sur l’état des esclaves, lorsque les chrétiens se sont avisés d’importer des nègres d’Afrique en Amérique. » Puis il parle de Justinien et des adoucissements qu’il apporta à la législation concernant les esclaves. Empruntons-lui encore cette citation intéressante (p. 96) : « Lorsque les esclaves africains furent importés dans nos colonies au xvie siècle (sic), la puissance publique ne songea point d’abord que ces créatures humaines avaient droit à sa protection. Des notions générales sur le droit que les maîtres avaient de les faire travailler et de les faire mourir sans jugement formèrent le Code et négligèrent le sort de ces infortunés ; à mesure que leur nombre s’accrut, le prince ou ses représentants interposèrent leur autorité pour contenir les maitres qui portaient à l’excès l’abus de la leur. L’édit de 1681 (sic), appelé Code Noir, est la première loi complète par laquelle le souverain vint à leur secours ; elle se ressent encore de la rudesse des temps, et cependant elle procura des soulagements efficaces aux esclaves et détermina enfin les premiers rapports entre eux et leurs maîtres. »

À notre tour, nous ferons remarquer que l’application de certains principes de droit romain et de droit canonique fut parfois tout à fait erronée au xviie siècle. Les juristes, imbus d’idées trop générales et abstraites, ne tinrent pas assez de compte des différences capitales qui caractérisent l’esclavage moderne par opposition à l’esclavage ancien. À Rome, en

  1. Arch. Col., F, 129.