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victoire la rouge.

puisqu’il la traitait déjà et par avance comme sa vraie femme devant le bon Dieu.

Elle en était toute changée, la Victoire, tout assagie dans l’appétit de son corps. Il semblait qu’elle eût pris des années d’âge pendant ces quelques mois qui venaient de passer. Elle ne se mettait plus en folie, malgré son bonheur, quand on festoyait au logis les femmes et les hommes, tous ensemble mêlés autour de la table où l’on venait dénoiser, et que le vin blanc circulait dans les pichets de terre brune. Les plaisanteries fortes ne la chatouillaient plus à faire crever son rire bestial. C’était maintenant les jeunesses qui riaient, et la Victoire seulement levait l’épaule avec des « las, mon Dieu ! » apitoyés.

Et puis, c’est qu’elle était économe avec cela, et si ménagère de son bien qu’elle en avait tari sa grande gloutonnerie et cette voracité féroce qui, jadis, sans cesse la rongeait.