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victoire la rouge.

faire, on ne sait pas, on pourrait bien nous marier quelque jour. Je ne suis plus bien jeune, mais j’ai besoin d’une femme. Une jeunesse ne serait pas mon fait ; tandis que toi, si tu voulais, quand je serais bien sûr de toi… hé ! hé ! tu sais, c’est pas avec le vinaigre qu’on prend les mouches.

Victoire écoutait de toutes ses forces, muette maintenant, étourdie de cette idée qu’elle pourrait être épousée par cet homme, et demeurer ici, chez elle, toujours.

Il reprit, la voyant touchée :

— Tu serais pas heureuse, peut-être, de devenir la maîtresse ici ! car j’ai de bons biens, sans que ça paraisse. Et quand la saison va venir, où j’achèterai des veaux pour labourer, où j’aurai des troupeaux, et tant qu’il me faudra du monde, tu serais la maîtresse, toi ; tu commanderais, toi qui as toujours servi ; tu aurais de belles robes de laine, avec des galons sur la jupe, comme les femmes des