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victoire la rouge.

Le dimanche, à l’église, elle parut bientôt moins grotesque ; elle attacha mieux ses jupes, et les allongea pour cacher ses jambes en forme de grosses bûches toutes droites. Elle regarda à la coiffure des autres filles et fit des efforts pour que sa crinière rouge lui tombât proprement en bandeau sur le front, à deux doigts de son fichu de coton toujours lavé et bien tortillé autour de sa tête, avec un coin qui pendait sur la droite, comme une oreille d’âne rabattue.

Elle étendait son mouchoir par terre pour s’agenouiller dessus pendant la messe, car il eût fallu payer sa chaise un sou et deux sous pour les bonnes fêtes. Et elle s’affalait, posant sa croupe sur ses talons, sa grosse poitrine levée par la brassière de futaine, sous le petit châle croisé dont les bouts rentraient sous son tablier. Elle répétait tout le temps : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce », en faisant couler les grains de son