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victoire la rouge.

Enfin, un jour, on ne la revit plus ; la récolte était presque toute levée. Elle la triait au logis, enfermée avec l’homme qui lui payait sa part, comme elle le lui avait demandé le premier soir, avec la soupe et le coucher.

Mais, la ramassée étant finie, il lui dit qu’il n’avait plus besoin d’elle, et qu’elle pouvait s’en aller.

— S’il vous plaît, lui dit humblement la Victoire, gardez-moi encore pendant ces temps, où il ne fait pas bon à être dehors, et je vous filerai de la laine pour vous payer.

L’homme ne répondit rien d’abord, mais il se cacha pour ne pas avoir l’air content. Ensuite il dit qu’il voulait bien, si elle était capable de porter sur ses épaules un sac de marrons qu’il voulait aller vendre au marché du lendemain, parce que son âne se casserait les jambes s’il le faisait dévaler la côte sur les bruyères glacées.