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victoire la rouge.

en terre, les bras lassés, suantes et essoufflées.

La Victoire ne s’arrêtait point, elle. Elle avait la gloriole de n’être pas lasse ; et on la voyait aller et venir, toujours tournant et retournant l’herbe, si bien qu’elle activait la séchée et qu’on pouvait rentrer les foins le jour même.

Alors les charrettes venaient se ranger le long du pré. C’étaient les gamins qui les amenaient à vide. Ils piquaient les bœufs mauvaisement ou les tapaient de leur aiguillon si fort qu’ils pouvaient sur le nez. Et cela faisait un bruit sourd, tandis que les bêtes secouaient douloureusement leurs naseaux roses, d’où filait en s’éparpillant l’écume abondante et blanche comme neige. Cependant ils battaient de leur queue incessamment leurs flancs où se collait la nuée noire des taons aigus et des mouches bourdonnantes.