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victoire la rouge.

économie en l’envoyant elle-même à la ville porter les provisions d’œufs et de légumes qu’elle envoyait chaque semaine, par le chemin de fer, à sa fille, mariée et installée à Ribérac. Madame Maleyrac sauta sur cette idée, qui, malgré tout, ne lui serait pas venue, car il s’agissait pour Victoire de faire ses vingt-cinq kilomètres, aller et retour, dans la même journée. Et Victoire affirmait qu’elle ferait quand même, avant de partir, et le soir, au retour, tout le travail de la maison, comme si de rien n’était.

Le jour suivant, Victoire était en route, chargée comme un mulet, un panier à chaque bras, un troisième sur la tête bien d’aplomb dans le creux d’un torchon roulé en couronne et lui meurtrissant le front. Mais elle ne sentait rien et elle trottait, le ventre lourd, les pieds nus, ses sabots pendus à sa cotte par une ficelle.

C’était en janvier ; la route était sèche,