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DE CONRART. [1652]

pouvoit plus rien toucher de son bien. Plusieurs furent étonnés de ce discours, parce qu’il a plus de vingt mille livres de rente en bénéfices, sans son bien de patrimoine, qui monte à beaucoup. Bitaut, conseiller en la troisième des enquêtes, dit que personne n’avoit moins de sujet que lui de se plaindre des misères publiques, parce qu’il savoit bien qu’il n’avoit rien perdu au maniement des deniers qui furent levés durant la guerre de Paris, comme il paroissoit par le compte qu’il en avoit rendu. Il répondit qu’il avoit rendu bon et fidèle compte des deniers qui avoient passé par ses mains, et en appela à témoin M. Pétau, conseiller de la cinquième, comme ayant été présent à la reddition de ce compte. M. Pétau dit qu’il ne savoit ce que c’étoit, et qu’il n’y avoit point assisté ; trois ou quatre autres qu’il cita aussi dirent la même chose : si bien qu’il ne sut que dire ; et après qu’ils eurent bien crié, on se leva et on se retira.

Le vendredi 21, M. le prince fut en l’assemblée des chambres, et dit que M. d’Orléans n’avoit pu s’y trouver, à cause que son indisposition l’avoit obligé à se faire saigner. On remit la délibération au mardi 25, pour gagner du temps. Il y eut fort grand bruit dans tout le Palais, y ayant grand nombre de toutes sortes de gens qui crioient : La paix ! la paix ! M. le prince entendant ce bruit confus en passant, et remarquant un homme proche de lui qui crioit plus haut que tous les autres, lui demanda brusquement, en le prenant par les boutons de son pourpoint : « Comment la veux-tu, la paix. ? parle ; à quelles conditions la veux-tu ? entends-tu que le Mazarin demeure, ou qu’il s’en aille. ? » L’autre, tout interdit, répondit :