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[1652] MÉMOIRES

jamais de ces lâches tours-là. Toute l’après-dînée, la cour du palais d’Orléans fut remplie de peuple qui crioit qu’ils étoient trahis ; qu’il falloit armer les bourgeois, et chasser les princes et le Mazarin, puisqu’ils étoient tous des trompeurs[1]. M. le prince avoit envoyé dès le matin ordre à ceux qui commandoient ses troupes d’Étampes de s’approcher en diligence de Paris, et lui-même alla au devant dès que le duc de Beaufort fut de retour. Il envoya quelques cavaliers se saisir du pont de Charenton, et fit loger le reste dans les villages de Châtillon, Bagneux, Fontenay, Issy, et autres circonvoisins. Le lundi 17, il fit demander passage pour ses troupes par le pont de la porte Saint-Bernard[2], pour abréger le chemin, ayant dessein de les envoyer se saisir de Saint-Cloud, Meudon, Poissy ; mais on le lui refusa. Le soir, deux ou trois cents chevaux s’étant présentés, à huit heures, à la porte Saint-Jacques, les bourgeois qui y étoient en garde refusèrent de les laisser passer, et il y eut fort grand bruit jusques à dix heures ; on fut même tout prêt à tirer de part et d’autre. C’étoient des officiers qui vouloient se rafraîchir dans Paris, et y faire loger quantité de malades qu’ils faisoient amener. Enfin on convint que quelques-uns des plus considérables entreroient, et que tous les autres se retireroient où ils pourroient.

Le mardi matin 18, ils filèrent avec d’autres encore par Belleville et les lieux d’alentour, pour aller ga-

  1. Puisqu’ils étoient tous des trompeurs : La retraite de M. de Lorraine fit une grande commotion dans Paris. (Voyez les Mémoires du cardinal de Retz, tome 46, page 119, de cette série.)
  2. Par le pont de la porte Saint-Bernard : Le pont de la Tournelle.