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DE CONRART. [1652]

duché-pairie pour le comte Du Dognon ; un bâton de maréchal de France pour Marchin ; une grande charge ou un gouvernement pour le duc de La Rochefoucauld ; le rétablissement du duc de Rohan dans le gouvernement d’Anjou, etc.

Durant tout ce temps les affaires des princes alloient fort mal en Guienne, et le comte d’Harcourt y étoit maître de la campagne avec l’armée du Roi. Dans Bordeaux, les esprits étoient extrêmement partagés ; non-seulement dans le parlement et parmi le peuple, mais encore dans la propre maison de M. le prince, il y avoit deux partis opposés, et qui se déchiroient l’un l’autre par des médisances atroces. L’un étoit celui de madame la princesse, duquel étoient tous ceux qui avoient affection ou attachement à M. le prince[1] ; l’autre, celui de M. le prince de Conti et de madame de Longueville, qui avoient pour grands conseillers le marquis de Jarzé et Sarrasin[2], secrétaires du prince de Conti. Les médisans allèrent jusqu’au point de faire afficher des placards imprimés qui portoient que le prince de Conti feroit bien de dire son bréviaire, puisqu’il étoit ecclésiastique ; que pour le moins s’il vouloit quitter son métier pour faire la guerre, il la devoit donc faire tout de bon, au lieu de s’amuser comme il faisoit à faire galanterie avec sa sœur : et l’on assure même qu’ils ajoutoient qu’étant survenu quelque chose de pressé, où il falloit avoir les ordres du prince de Conti, on les avoit été rece-

  1. Le président Viole, Laisné, etc. (Note de Conrart.) Il fayt lire Lenet ; c’est celui dont on a des Mémoires, qui feront partie de cette Collection.
  2. Sarrasin : Jean-François Sarrasin, poëte spirituel, mort en 1654.