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DE CONRART. [1652]

autres Le Coq de Corbeville, conseiller de la seconde des enquêtes, et le président Le Coigneux, lequel représenta à M. d’Orléans que le péril de ces soulèvemens du peuple n’étoit pas moins à craindre pour lui que pour le parlement ; et que si le respect étoit une fois perdu pour la compagnie, il ne se conserveroit pas pour Son Altesse Royale. Sa conclusion fut qu’il pouvoit employer son autorité pour y donner ordre, sans qu’il fût besoin que la compagnie en délibérât, ni que ses registres en fussent chargés : ce qui fut suivi par la plupart, et même par le président de Nesmond ; quelques-uns furent d’avis que l’on opinât, et trois ou quatre crièrent qu’il se falloit joindre à M. d’Orléans ; mais presque toutes les voix allèrent à ne point opiner. Au sortir, le duc de Beaufort dit tout haut dans la grande salle et dans les galeries : « Messieurs, c’est à Son Altesse Royale qu’il se faut adresser désormais pour toutes choses ; car le parlement l’a prié de prendre soin des affaires, et d’employer son autorité pour remédier aux émotions et aux désordres ; de sorte que ceux qui auront quelque chose à proposer le doivent aller trouver pour cela. » Incontinent ce bruit se répandit partout, et produisit des effets bien différens dans les esprits, selon les diverses passions dont chacun étoit touché. Le peuple disoit que M. d’Orléans avoit été déclaré lieutenant général par tout le royaume ; que l’arrêt portoit qu’il leveroit autant de troupes et d’argent qu’il jugeroit nécessaire : et même il y avoit des gens simples et de la plus basse populace qui, ne pouvant trouver le nom de lieutenant général, disoient qu’on avoit fait M. d’Orléans vice-roi. On imprima et on cria même