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[1652] MÉMOIRES

rèrent ; ils étoient en très-grand nombre, et l’on a dit qu’ils montoient jusqu’à quinze mille, dont il fit des bataillons lui-même, et leur donna des officiers, qu’il fit à l’heure même. Puis, au lieu de les mener à Saint-Cloud, il les fit tourner à droite, et marcha vers Saint-Denis, où il savoit qu’il n’y avoit que deux cents Suisses en garnison. Il avoit pris tout ce qu’il avoit levé de troupes, tant infanterie que cavalerie, depuis qu’il étoit à Paris, et avoit tiré aussi du fort qu’il avoit fait faire au port de Nully[1] ceux qu’il y avoit mis en garnison, laissant des bourgeois de Paris en leur place ; et ce qu’il y avoit de noblesse dans Paris le suivit aussi. Avec tout cela il arriva devant Saint-Denis vers les onze heures du soir. Les habitans ayant su sa marche, lâchèrent les écluses, et inondèrent tous les environs de leur ville ; mais voyant arriver tant de gros bataillons, et ne sachant pas que ce fussent des bourgeois, ils crurent que c’étoit toute l’armée des princes ; si bien qu’ils désespérèrent de se pouvoir défendre. Ils firent pourtant plusieurs décharges sur les assiégeans ; et il y eut environ douze bourgeois de tués, quoiqu’ils se fussent tenus assez loin. M. le prince ayant mis pied à terre, crut qu’il pourroit passer à pied dans l’eau ; mais l’ayant trouvée trop haute, il remonta à cheval, et la traversa en diligence le premier de tous, en ayant jusqu’au milieu du corps. Aussitôt toute la noblesse et toutes les troupes réglées l’ayant suivi, la place fut forcée, et la garnison et les habitans se retirèrent à grande hâte dans l’église. Cependant les Parisiens voyant les portes de la ville ouvertes et M. le prince entré, s’avancè-

  1. Nully : Neuilly.