Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
NOTICE

et il y a reçu de son fils, la simple qualité de bourgeois de Paris[1]. Jacques Conrart trouvoit même très-mauvais que Valentin prît des airs de gentilhomme. « C’étoit, dit un contemporain, un bourgeois austere, qui ne permettoit pas à son fils de porter des jarretieres ni des roses (des rosettes) de souliers, et qui lui faisoit couper les cheveux au dessus de l’oreille. Il avoit des jarretieres et des roses, qu’il mettoit et ostoit au coin de la rue. Une fois qu’il s’ajustoit ainsi, il rencontra son pere tête pour tête : il y eut bien du bruit au logis[2]. »

Jacques Conrart destinant son fils à remplir un emploi dans les finances, négligea de lui faire faire ses études ; il n’étoit plus temps de les commencer, quant Valentin sentit le besoin de s’instruire. Il se contenta d’apprendre l’italien et l’espagnol ; et il s’attacha surtout à bien connoître sa langue, à l’écrire purement et avec exactitude.

La langue française commençoit à se former ; Malherbe et Regnier venoient de l’enrichir de tours et d’expressions habilement dérobés aux anciens. Ils l’avoient délivrée des entraves dans lesquelles Ronsard, Du Bartas, Jodelle, Jamin, Pontus du Tyard, et d’autres à leur suite, avoient cherché à la retenir. Mais ce grand travail n’étoit encore qu’ébauché ;

  1. Ceci résulte de la quittance qui vient d’être citée, et d’une autre que nous possédons aussi, et qui porte ce qui suit : « En la présence de moi, conseiller secrétaire du Roi et de ses finances, damoiselle Peronne Targer, veuve de feu Jacques Conrart, vivant bourgeois de Paris, a confessé avoir receu, etc. Fait le 4e jour de mars 1645. Signé Peronne Targer et Conrart. »
  2. Mémoires manuscrits et autographes de Gédéon Tallemant-des-Réaux, article Conrart. (Bibliothèque de M. le marquis de Châteaugiron.)